Sans illusions : Mme Taubira à la Justice

Personne n’est obligé d’être d’accord

Madame Taubira s’est fait connaître par son combat pour que la traite négrière soit reconnue comme un crime contre l’humanité.

Une incrimination pénale imprescriptible n’est pas utile quand les protagonistes sont morts depuis longtemps, même si la cause est juste et l’intention louable. On lui pardonnera néanmoins son militantisme, malvenu juridiquement, mais qui donne la mesure de l’outrage ressenti. Peut-être fallait-il en passer par là.

Il reste que ce combat ne lui a donné aucun titre pertinent pour le Ministère de la Justice. Elle l’admet, parait-il.

A elle de démentir que sa nomination soit un coup politique qui masque le désintérêt du nouveau pouvoir pour la justice, et son projet à demi-avoué de sous-traiter l’institution aux syndicats de magistrats, eux dont on connaît la hauteur de vues et la capacité d’autocritique.

A l’occasion des scandales judiciaires qui ne manqueront pas de se produire, ressortiront les questions qui n’ont jamais été traitées correctement, soit qu’elles aient été oubliées, soit que le pouvoir sarkozyste, à son habitude, les ait résolues de travers : qualité de la procédure et de la décision pénales, statut du Parquet, mais aussi réponse sociale à la perversité criminelle (vraie question qui a fait l’objet de mauvaises réformes), traitement de la violence sexuelle à l’heure où la prison passe pour une solution sérieuse, réponse sociale à la violence des mineurs.

Hors du monde pénal, un pouvoir de gauche s’honorerait à régler enfin le sort de la « class action », remisée pour l’instant au placard sous l’influence des lobbies de toute sorte. Reconnaissons que Mme Taubira vient de relancer le débat.

N’ayons pas trop d’illusions néanmoins. Madame Taubira laissera probablement le Ministère comme elle l’a trouvé.

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