François Hollande l’a martelé durant la campagne électorale : la crise de la compétitivité économique française ne procède pas d’un coût du travail trop élevé, mais surtout de la faiblesse de la recherche-développement, des difficultés de financement des PME et de plusieurs années de sous-investissement industriel.
Les chiffres globaux ne montrent certes pas tous de nets décalages, en ce qui concerne le coût de la main d’oeuvre, entre la France et l’Allemagne par exemple.
C’est oublier que l’Allemagne profite de positionnements sectoriels qui rendent le coût du travail moins critique que dans le cas français – d’où les excédents commerciaux allemands et les déficits français. C’est aussi oublier que l’Allemagne n’est pas le seul point de comparaison !
Le coût du travail est-il donc tabou pour les élites socialistes ?
C’est qu’un débat sur ce sujet conduirait à aborder la question du « modèle social » français, celui qui est financé précisement par la taxation du travail. Le constat a été fait cent fois : si le coût du travail est trop élevé en France, cela ne vient pas du niveau des salaires nets, loin de là, mais du haut niveau des charges sociales assises sur les rémunérations salariales. D’où toutes sortes de conséquences sur la décision d’embauche et sa micro-économie.
Or le Parti socialiste, parti des classes moyennes, parti de gens agés, ne peut remettre en cause sans précaution le financement de la protection sociale et le haut niveau des dépenses sociales. Le bloc central de la société française dont il est le représentant ne le veut pas – et tant pis s’il en vient par exemple un niveau tout à fait inhabituel de chomage des jeunes.
Les solutions intelligentes, TVA sociale ou CSG sociale, finiront par revenir dans les débats et, espérons-le, avant que nous en soyons à 3,5 millions de chomeurs.
Le chomage de masse n’est pas de ces problèmes que le temps et une inaction discrète (mais déterminée) peuvent suffire à résoudre. Le Parti socialistes devrait le savoir.
Serge Soudray