Alexandre Cabanel (Montpellier 1823 – Paris 1889) était à la fois un peintre d’histoire et de genre, mais aussi un talentueux portraitiste du 19ème siècle. Pourtant il demeure encore méconnu, lui qui avait tout pour réussir.
Jeune dessinateur précoce, il se distingua de ses pairs dès 1845 en remportant le prestigieux prix de Rome qui lui ouvrit les portes de la Villa Médicis qui reste comme la consécration d’un artiste. A Rome, ville de tous les messies de l’art, il y dévoilera son génie en peignant une jeune juive du Trastevere qu’il a finalement intitulé Albaydé, et l’effet sera immédiat : un nouveau peintre de genre est né.
Ses plus gros clients et mécènes étaient avant tout issus de la bourgeoisie ou de l’aristocratie parisiennes mais aussi américaines. Des portraits mondains, il en fera à la pelle ce qui lui vaudra ce qualificatif d’académique en raison de ses relations bien placées. Mais Cabanel était avant tout un fin dessinateur et un très grand portraitiste.
Grand érudit et amateur de théâtre, tout comme l’avait été Delacroix, il avait un faible pour Shakespeare qui était la référence théâtrale chez les Romantiques. Il finira par s’affirmer comme un véritable metteur en scène dans ses toiles, en prenant comme modèles des femmes soumises aux passions humaines, que ce soit Phèdre qui sera son héroïne préférée ou bien Cléopâtre. Il est l’artiste qui a le mieux peint la femme en souffrance et victime de la passion mais il reste encore un oublié de l’histoire de l’art, lui qui se voulait pourtant comme le peintre poétique alangui.
Sofia Azzouz Ben-Mansour
Conservatrice de patrimoine au Ministère de la culture et de la communication