Candidat dans la Première circonscription du Tarn, en soutien à Emmanuel Macron pour la Majorité Présidentielle, au nom du Groupe des Indépendants, notre ami Pierre Laporte fait campagne en ce mois de juin 2017. Son article permet d’avoir un aperçu intéressant sur les débats qui mobilisent les électeurs et aussi sur l’état d’esprit de la nouvelle génération de candidats. NDLR.
Si l’élection d’Emmanuel Macron à la Présidence de la République a rebattu de nombreuses cartes, une autre révolution se prépare, celle du Parlement.
Né dans la ferveur révolutionnaire du 18ème siècle et issu des convulsions des Troisième et Quatrième Républiques, le Parlement français reste coulé dans le marbre par le fondateur de la Cinquième, autrement dit confiné à un rôle de législateur, impulsé et maitrisé par l’Exécutif. Nul système institutionnel n’est parfait mais, à l’expérience, il s’est avéré à la hauteur des grands chantiers auxquels la France a été confrontée depuis près d’un demi-siècle. Le défi qui se pose au nouveau Président de la République est donc ailleurs : à l’instar des autres Assemblées, tels que le Parlement britannique, le Bundestag Allemand ou le Congrès américain, comment rendre plus efficace notre Parlement, à Constitution inchangée ?
A cela, le candidat En Marche à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron, a déjà apporté des éléments de réponse : « Nous réduirons d’un tiers environ le nombre de Députés et de Sénateurs et nous entamerons une rénovation du fonctionnement parlementaire en limitant le nombre de mois pendant lesquels le Parlement légifère et en réservant plus de temps à l’évaluation et au contrôle de l’action du Gouvernement… ».
Ces propositions pointent un dysfonctionnement largement rejeté par les citoyens et qui peut être résumé en trois mots : l’agitation, la confusion et le détournement de fonds publics :
– L’agitation tout d’abord. La présence parisienne étant peu « visible » par le citoyen, il faut battre la campagne pour se montrer et distribuer les faveurs, c’est-à-dire la cagnotte parlementaire. C’est la dimension « Conseiller Général » du député d’aujourd’hui : développer son canton. Et il faut aussi prouver que l’on a parlé à Paris des préoccupations du terrain : ainsi sont déposées des amendements inutiles ou des propositions de loi qui n’ont aucune chance d’être votées car non reprises par le Gouvernement à la différence de ses projets de loi ;
– La confusion ensuite. Il est en effet tentant de communiquer et de s’arroger les résultats des autres acteurs publics (Département, Région, Etat) alors que les prérogatives d’un député restent limitées même si un vrai rôle de soutien aux projets locaux est indispensable ;
– Le détournement de fonds publics enfin. Les différentes affaires et pratiques l’ont montré et le montrent encore. Dans un cadre légal ou illégal, des parlementaires détournent de l’argent public pour s’enrichir. La prochaine loi pour « redonner confiance dans la vie démocratique » devrait y remédier.
Sans aller très loin, nos terres tarnaises fournissent l’illustration de ces dérives : le Député, Philippe Folliot – qui brigue un Quatrième mandat – présente un palmarès impressionnant : 473 interventions longues en hémicycle, 336 questions écrites, 277 interventions en commission, 173 amendements proposés, 97 propositions de loi rédigées ou signées, 29 questions orales aux Ministres, 3 rapports écrits. Du volume, mais pas de substance. Une obsession du chiffre, de la statistique pour impressionner l’électeur crédule.
Laissons la presse d’investigation parler de ces dérives. Ces pratiques sont d’un autre siècle. Le nôtre exige une vraie modernité et un autre « profil » de député, basé sur l’efficacité de l’action, la consultation régulière de nos concitoyens, le rendu-compte auprès du citoyen et la probité de son engagement. Il s’agit d’un combat en profondeur auquel nous devons tous contribuer. Les élections des 11 et 18 juin prochain nous en procurent l’occasion.
Pierre Laporte