Retour à Séoul

C’est un film attachant que donne Davy Chou avec ce Retour à Séoul, présenté à Cannes en mai dernier et sorti mercredi 27 janvier.

Une jeune fille d’origine coréenne, adoptée à la naissance par un couple français, se trouve, presque de façon fortuite, à passer deux semaines à Séoul. Elle en profite pour découvrir une vie coréenne à laquelle elle n’est pas préparée. La différence des cultures, des mœurs donne des scènes très heureuses, parfois drôles, par exemple quand grisée par l’alcool coréen, elle transforme un simple diner dans un restaurant en grande discussion avec tous les jeunes clients du lieu. Elle en profite surtout pour tenter de retrouver ses parents biologiques grâce au centre qui s’était occupé de son adoption. Le film, dans ce qu’il a de meilleur, est construit sur cette recherche, et les rencontres avec le père et sa famille, puis bien plus tard avec la mère sont fines et touchantes, jamais attendues. 

Très réussi également le portait de la jeune fille, Freddie, dure, complexe et interprétée avec une tension et une justesse qu’on voit rarement au cinéma, une sensualité aussi puisque le film assume une certaine dimension érotique. L’actrice déjoue tous les pièges que le sujet et son personnage pouvaient comporter.  On lit que Park Ji-Min, née en Corée du Sud et arrivée en France à 8 ans, aujourd’hui artiste plasticienne, n’avait jamais joué au cinéma avant ce film. C’est aussi, à certains égards, l’histoire du cinéaste, lui venu du Cambodge, et qui est le seul auteur du scénario. Grâce à eux et contrairement à ce qu’on peut lire, Retour à Séoul n’est pas un mélodrame cousu de fils blancs, mais quelque chose de plus subtil, de plus fort sur l’identité personnelle, sans souci des conventions.

Vers la fin malheureusement, aussi doué qu’il soit, Davy Chou se regarde filmer au lieu de donner plus de nerf à son récit ; il meuble les dernières 20 minutes par des rebondissements et des scènes parfaitement inutiles1. Beau film néanmoins.

Stéphan Alamowitch

Film français, allemand, belge, qatari de Davy Chou (2022). Avec Park Ji-Min, Oh Kwang-Rok, Guka Han (1 h 59)

Notes

Notes
1Est-ce dû, comme souvent, à la logique des coproductions internationales, qui oblige à multiplier les lieux de tournage pour respecter les obligations de localisation des subventions – d’où la fin du film en Belgique…
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