L’exposition « Matisse. Paires et séries » au Centre Pompidou de Paris, du 7 mars au 18 juin 2012, s’annonce comme une exposition majeure de l’année 2012. Elle est effectivement remarquable en tous points, même si l’on ne peut la conseiller à des adolescents qui ne connaitraient pas déjà le peintre et son œuvre. Il s’agit d’une exposition de peinture « pure », avec des œuvres qui montrent que pour la complexité et le foisonnement, Henri Matisse (1869-1954) ne craignait personne dans sa génération, et surtout pas Picasso, son ami et de fait, son grand rival.
L’idée d’étudier les appariements a quelque chose d’artificiel, et du reste très peu des œuvres présentées sont de vraies paires. Quel que soit le sérieux du slogan qui justifie l’exposition, la cinquantaine d’œuvres font voir les étapes du travail graphique auquel s’astreignait Matisse, et qui est resté sa méthode de prédilection aux différentes périodes de sa peinture. Les photographies qui par exemple accompagnent la maturation du motif qui sera la « Blouse Roumaine » montre que ce tableau si naturel, si spontané vient d’une lente et complexe décoction de couleurs et de formes. Les oeuvres présentées font voir « de près » qu’on ne peut définir Matisse par l’école dans laquelle on le rangeait à ses débuts, le Fauvisme, car il va bien au delà du travail sur les couleurs, ou toute autre école particulière. Son but déclaré est la recherche de solutions formelle neuves, sans anecdote – d’où le petit nombre de vrais portaits que comporte son oeuvre : ceux que l’on voit dans l’exposition, peintures ou dessins, même celui de sa fille, sont d’abord des recherches plastiques.
Les quatre grands papiers gouachés découpés du début des années 50, ces célèbres corps bleus faits de papier collé, sont tous présentés ensemble, et finissent l’exposition en beauté.