Jacques Henri Lartigue, L’invention d’un artiste

Les bons livre sur la photographie sont assez rares pour qu’on signale la parution aux éditions Textuel de l’excellent livre de Kevin Moore sur Jacques Henri Lartigue (1892-1986), « Jacques Henri Lartigue, l’invention d’un artiste », qui  offre une analyse précise, argumentée de l’oeuvre de Jacques Henri Lartigue, ce grand ancêtre de la photo française.  L’ouvrage s’attache surtout à ses débuts à la Belle Epoque, puis au moment de sa redécouverte par le détour des Etats-Unis, quand lui est consacrée une exposition au MoMA en 1963. Un primitif ? Son propos est de montrer qu’au lieu d’être un artiste primitif, comme l’on … Lire plus

Helmut Newton au Grand Palais

L’exposition Helmut Newton au Grand Palais, du 24 mars au 17 juin 2012, a relancé le débat : créateur ou charlatan, artiste ou imposteur ? Le débat est d’ailleurs souvent inscrit sur la même page des magazines, avec deux colonnes en regard, l’une pour, l’autre contre. La presse, les magazines consacrés à la photographie ont globalement adopté la première position, et font d’Helmut Newton (1920-2004) un photographe majeur de la deuxième partie du XXème siècle. Très peu ont repris sinon pour mémoire les questions que la critique féministe ou la critique sociale ont pu poser à son sujet, lui qui réifiait … Lire plus

L’Étranger, 1942-2012, avec des dessins de José Muñoz

Il est toujours risqué d’illustrer un roman célèbre, plus risqué encore que de l’adapter pour le cinéma,  car dans le livre illustré l’image et le texte doivent cohabiter—impossible de faire oublier l’original pour mieux imposer les images. En ce qui concerne L’Étranger de Camus, une chose est claire : c’est le soleil qu’ il faut rendre avant tout ; un soleil de plomb le jour de l’enterrement de la mère de Meursault à Marengo;  le soleil de la plage où Meursault est heureux avec Marie;  et encore, ce soleil qui aveugle Meursault sur la plage où il va tirer, tuant l’Arabe par … Lire plus

Chris Killip, What happened 1970-1990

Belle exposition au Bal, 6 impasse de la Défense à Paris (75018), du photographe britannique Chris Killip, avec deux ouvrages qui servent de fait de catalogues à l’exposition (« In Flagrante », réédition de l’ouvrage de 1988, et surtout « Arbeit » paru en Allemagne en 2012). Chris Killip, né en 1946 sur l’Ile de Man, est considéré comme l’une des principales sources d’inspiration de la photographie britannique contemporaine, et notamment du célèbre Martin Parr, par la qualité de son œuvre et par sa réflexion sur l’acte photographique. Il est aujourd’hui encore « Professor of Visual and Environmental Studies » à Harvard, ce qui … Lire plus

Etudes photographiques, mai 2012, numéro 29

Intéressant numéro de cette revue savante sur la photographie, peu connue mais qui a le mérite de traiter de tous les aspects pertinents, historiques, esthétiques, techniques, sans exclusive de principe ni de méthode. C’est ainsi que l’on trouvera dans le numéro de mai un excellent article sur l’homo-érotisme des photos faites par le jeune Cecil Beaton à New York, dans les années 30, alors qu’il était photographe de Vogue, photos qui mêlent une sensibilité homosexuelle qui s’exprime sans détour, les références à la culture de la presse populaire (les « tabloïds »), et l’intérêt pour le fait divers dans la lignée de Weegee. … Lire plus

Refonder l’entreprise, Blanche Segrestin et Armand Hatchuel

Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, Refonder l’entreprise Éditions Seuil, coll. La République des idées, 2012 Encore une étude sur les origines de et les remèdes à la crise, direz-vous (v. not., M. Aglietta et A. Rebérioux, Les dérives du capitalisme financier, Albin Michel, 2004) ! Détrompez-vous : la réflexion que proposent ces deux professeurs des Mines ParisTech, Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, dans leur essai « Refonder l’entreprise », est, sans jeu de mots, une mine d’informations et de pistes de recherches. Comment lire un ouvrage d’économistes quand on ne l’est pas soi-même ? Les partisans de l’analyse économique du … Lire plus

L’Inventaire du communisme, François Furet

François Furet, L’Inventaire du communisme, Editions EHESS Le petit livre (92 pages) réalisé par l’historien Christophe Prochasson à partir de discussions qu’eurent ensemble François Furet et Paul Ricoeur en 1997 n’est pas une introduction au maitre livre de Furet, Le passé d’une illusion (1995). Ce serait plutôt une piqure de rappel, heureuse et bienvenue. Les thèmes du Passé d’une illusion, repris dans cet Inventaire sur le mode de la conversation, s’éloignent de nous, de la même façon que la Guerre de 14-18 s’est éloignée. On ne se représente plus ce qu’a été l’illusion communiste, comme on ne comprend plus ce qu’ont … Lire plus

Margin Call

Film convaincant sur la crise financière, qui a le mérite de ne pas représenter le monde de la Finance comme une réunion de tempéraments hors norme aux comportements pathologiques (tels les personnages de Wall Street, tels encore dans la « vraie vie » Bernard Madoff ou Jérôme Kerviel). La crise n’est pas montrée comme la conséquence d’une escroquerie, qu’on pourrait attribuer et donc circonscrire à des individus déviants, mais comme un effet de système, comme la conséquence d’un système vicié, fondé sur un modèle mathématique inexact, dont le fonctionnement est d’autant plus dangereux que tous les mécanismes d’alerte ont été sciemment désactivés … Lire plus

Christian Petzold, Barbara

Excellent film allemand sur la vie quotidienne et les dilemmes personnels en Allemagne de l’Est au temps du communisme. À la différence de « La vie des autres » (2006), l’un des premiers films à montrer la réalité est-allemande, « Barbara » emmène le spectateur, non à Berlin-Est, mais dans une province de la RDA au début des années 80, et au lieu de le confronter aux grandes institutions totalitaires – Parti communiste et Stasi, …- le met en présence de représentants ordinaires, subalternes du pouvoir communiste : l’équipe de policiers qui fouille l’appartement de Barbara, le médecin-chef qui la surveille, sa … Lire plus

La part des anges

Un jeune délinquant de Glasgow se met à la tête d’un petit groupe de « scumbags » pour monter une escroquerie au whisky. Ils réussiront. Ce n’est pas moral, mais Ken Loach prend bien soin de montrer que les classes supérieures ne valent pas mieux que ces petits voyous. La victime de l’escroquerie sera un vieil américain du Connecticut, l’Etat où vivent les patrons de hedge funds et les états-majors de grands groupes, qui se coiffe d’une belle casquette de baseball (comme on pose un légende sous un tableau) au moment où il l’emporte sur un millionnaire russe, aux enchères, pour une barrique … Lire plus