Isabelle, la forme et les traces

Les photographies d’Isabelle Boccon-Gibod se caractérisent par la forme. Elle est rendue visible, structure l’image ; elle en est la vérité sous-jacente. L’idée en vient immédiatement quand on regarde ces photographies de ponts et plus précisément, le plus souvent, du dessous des ponts, de leur structure de pierre ou de métal qui soutient le tablier – structure parfois complexe à discerner quand elle est faite de poutrelles et de blocs de pierre mêlés, mais que l’œil ordonne dans une présentation symétrique, lisible. Elle vient aussi à l’esprit devant les familles que la photographe, dans un album récent, dispose toutes dans … Lire plus

L’enlèvement, de Marco Bellochio

Après Marx peut attendre (2021), documentaire sur et avec la famille Bellocchio qui éclaire, en les citant directement à l’écran, les films de sa trilogie biographique (Les Poings dans les poches, 1965, Les Yeux, la bouche, 1982, Le Sourire de ma mère, 2002) et met en évidence, plus généralement, l’impact de cette histoire familiale dramatique sur la quasi-totalité de son œuvre, Marco Bellocchio réalise avec L’enlèvement un film qui imbrique magistralement la grande Histoire et l’histoire particulière d’une famille déchirée, le passé et l’actualité. L’enlèvement est en effet une condamnation sans appel de tout intégrisme religieux, et de l’intégrisme catholique … Lire plus

Une tribune passéiste et biaisée

La tribune publiée par un certain nombre de diplomates et anciens diplomates français, dans le Monde du 25 novembre 2023 au sujet de l’épouvantable guerre au Proche-Orient à tout pour intriguer. Les thèses qui y sont défendues ne sont pas nouvelles, et elles peuvent s’autoriser de faits, de réalités reconnus et qu’il est bien normal de déplorer comme le font ces diplomates, qui s’inscrivent dans une tradition française que vient d’illustrer Dominique de Villepin. Qui pourrait contester que le règlement du conflit « passe par une solution politique de la question palestinienne sur la base du droit international » ? Elles sont cependant énoncées sur un ton et avec des arguments qui appellent débat. Lire plus

Le dernier Guédiguian, joli film d’un autre temps

On trouvera dans le nouveau film de Robert Guédiguian, Et la fête continue !, tout ce qu’on trouve d’habitude et qu’on aime dans ses films : Ariane Ascaride, Jean-Paul Darroussin, une chronique familiale douce-amère, une touche arménienne, Marseille. On trouvera aussi l’engagement généreux, classique de la gauche d’autrefois, proche de ce que pouvait être les idéaux communistes au temps de l’Union de la gauche, au moins chez les militants de base – militant communiste tel que l’est resté le frère du personnage principal, bien conscient d’être parmi les derniers du genre. Ce personnage principal, c’est Rosa, infirmière ou médecin à l’hôpital … Lire plus

When Western young activists defend Hamas

When the horrible war in the Middle East is over, it will be time to analyze why part of the radical youth in Western countries, mainly in the US and the UK among students, but also sometimes in France, has shown itself so violently, so aggressively close to Hamas, and so deliberately hostile to Israel1In the Arab-Muslim world, hostility to Israel and empathy for Palestinian sufferings have other causes.. There is nothing in the lifestyle of these young people that would bring them close to an Islamist movement, and yet even some Queer groups have defended it adamantly. Hamas’s sadistic … Lire plus

Quand la jeunesse radicale en vient à défendre le Hamas

Quand l’épouvantable guerre au Proche-Orient se sera terminée, il faudra se demander pourquoi une partie de la jeunesse radicale du monde occidental, principalement dans les pays anglo-saxons parmi les étudiants, mais aussi parfois en France, s’est montrée si violemment, si agressivement proche du Hamas, et si délibérément hostile à Israël. Rien dans le mode de vie de cette jeunesse ne peut la rapprocher d’un mouvement islamiste, et pourtant même certains groupes Queer l’ont défendu bec et ongles. La cruauté sadique du Hamas lors de l’attaque du 7 octobre, sa profession de foi génocidaire n’ont pas empêché cette jeunesse de voir en ses combattants d’authentiques résistants à la colonisation israélienne. Elle n’a même pas réfléchi dans les termes du vieux débat sur la fin et les moyens (Lénine contre Camus) ; elle a pris fait et cause pour le Hamas, assimilé indûment à toute la cause palestinienne – alors qu’il en serait plutôt le fossoyeur. Lire plus

Etre ou ne pas être ? Telle est la question Entre russité et russophobie

Dans un clin d’œil à Cioran, Diana Filippova signe un livre qui est une réaction aux événements majeurs de ces dernières années. Un cri du cœur, une réaction épidermique, dont la force est à la mesure du choc subi le 24 février 2022 à l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. La sidération éprouvée à ce moment-là par tous ceux qui s’intéressent peu ou prou à ce pays gigantesque fut énorme. Pour l’auteur, ce fut un coup de tonnerre, dans la mesure où, arrivée en France à l’âge de sept ans, fin 1993, soit près de 30 ans plus tôt, elle n’avait eu de cesse de s’intégrer, de s’assimiler, d’oublier ses origines, voulant à tout prix devenir écrivain de langue française. La prétendue « opération militaire spéciale » déclenchée par Vladimir Poutine l’oblige à se rappeler, malgré elle, ses origines, et, partant, à réfléchir à ce qui définit son identité russe. Lire plus

Rendre les médias plus résilients ?

La grève de la rédaction au Journal du Dimanche rappelle que la condition des journalistes est marquée par deux contraintes contradictoires : comme salariés, ils sont de droit tenus par un lien de subordination et doivent exécuter les ordres et directives de leur employeur ; comme journalistes, ils ont un devoir moral à l’égard de leurs lecteurs, de leur profession et de leurs pairs. Cette condition s’est adoucie quand l’on a permis aux journalistes, depuis une loi de 1935, de quitter l’entreprise de presse à des conditions avantageuses s’ils cessent d’en partager les valeurs et en cas de changement de contrôle. Elle … Lire plus

Éric Rohmer, le Brexit et l’Angleterre

Éric Rohmer, ce n’était pas son vrai nom. Il nait Maurice Schérer, nom que sa mère lui maintint toute sa vie. Pour elle, Maurice était professeur dans un lycée à Paris, et elle n’a jamais su qu’il existait un Éric Rohmer, ni que son fils était un cinéaste de renommée internationale et un ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma. Son cinéma, lui aussi, s’est fait dans l’effacement de soi. Rohmer idolâtrait André Bazin, l’influent théoricien du cinéma qui affirmait que le cinéma était « l’aboutissement dans le temps de l’objectivité photographique », que le film devait renoncer à l’artifice de … Lire plus

L’air de rien, la banalisation du Le Penisme

Nous nous permettons de reproduire notre échange avec le Directeur de la rédaction de la Revue du vin de France, quand nous nous inquiétions de la mise en valeur, sans autre forme de procès, d’une parlementaire Le Peniste, louée pour son sérieux et son engagement aux cotés des vignerons, sa compétence… Chacun jugera. St. Alamowitch Message initial, 29 mars 2023 De : Stéphan Alamowitch A : Denis Saverot, Dir. de la rédaction de la Revue du vin de France Objet : Article FN Monsieur, Lecteur depuis plusieurs années de la Revue du vin de France, je ne m’attendais pas à trouver dans vos … Lire plus