De Claudio Monteverdi à Claude Debussy

Avez-vous déjà essayé de chanter en pleurant ? C’est cette insoluble équation que tente de résoudre Claudio Monteverdi (1567-1643) quand il compose ses madrigaux, publiés entre 1587 et 1651 – le dernier l’ayant été après sa mort. Grâce à la musique, le maître parvient toutefois à transgresser cette impossibilité par le langage symbolique de l’art et au moyen de la métaphore. Cet effet nous est parfaitement rendu par la Compagnia Del Madrigale1Rossana Bertini, soprano. Francesca Cassinari, soprano. Elena Carzaniga, alto. Giuseppe Maletto, ténor. Raffaele Giordani, ténor. Daniele Carnovich, basse. Matteo Bellotto, basse., l’un des ensembles de musique vocale les plus … Lire plus

Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin

C’est un film désolant que donne Arnaud Desplechin, pourtant l’un des cinéastes les plus doués de sa génération avec Jacques Audiard et Philippe Faucon. Une sœur déteste son frère au point de ne plus vouloir le rencontrer quand leur deux parents sont victimes d’un accident et finissent à l’hôpital. Elle le hait. Alice, jouée par Marion Cotillard (excellente), est une actrice de théâtre célèbre qui a toujours fait l’admiration de ses parents. Louis, son cadet (Melvil Poupaud, jamais loin du sur-régime), est un écrivain qui a connu le succès sur le tard, et qui s’en prend littérairement à sa sœur, dans … Lire plus

Les illusions perdues, de Balzac à Giannoli

Balzac

Venu d’Angoulème, le Jeune Lucien Chardon, Monsieur de Rubempré par sa mère, arrive à Paris, son recueil de poèmes en poche. Le voilà embarqué dans le tourbillon de Paris, délaissant ses ambitions littéraires pour s’adonner au journalisme. Embauché dans le journal périodique libéral « Le corsaire », Lucien devient un fin critique, connu du tout Paris. Les illusions perdues est le cœur de la comédie humaine, le manifeste balzacien par excellence. À l’orée du nouveau monde, durant la Restauration, Balzac jette son personnage dans la fosse aux lions, « entraîné par un courant invincible dans un tourbillon de plaisirs et … Lire plus

En écho, Nino Rota et Serge Prokofiev

Cet automne, faites entrer Nino Rota (1911-1979) dans votre salon ! Non pas sur votre téléviseur – nous ne parlerons pas ici des innombrables chefs-d’œuvre du cinéma italien dont il a composé la musique – mais dans vos enceintes, grâce à l’album Nino Rota : Chamber Music, publié en juillet sur le label Alpha. Musiciens prolifique, avec environ 170 films, 4 symphonies, 11 opéras et 9 concertos, Nino Rota ne fut pas seulement le collaborateur de Federico Fellini mais aussi un grand compositeur du XXème siècle. Parmi ses créations, la musique de chambre a toujours occupé une place à part puisqu’il … Lire plus

1785, Mozart et Leif Ove Andsnes

Voilà un projet qui sort de l’ordinaire. Plutôt que d’élaborer un disque autour d’un thème ou d’une œuvre, le pianiste norvégien Leif Ove Andsnes a choisi de mettre en lumière une année particulière dans la vie de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : l’année 1785. Et quelle année ! Quatre ans se sont écoulés depuis que le compositeur a été congédié par le prince-archevêque Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Désormais installé à Vienne et travaillant à son propre compte, Mozart rencontre un certain succès auprès du public de la capitale, lui permettant ainsi d’écrire moins mais de travailler plus sa musique. Le contraste est net … Lire plus

Du clavecin (chronique musicale)

Contreligne inaugure aujourd’hui sa chronique musicale, qui mettra en parallèle un point de l’actualité musicale, ici un très bel enregistrement du claveciniste Jean Rondeau, et un fait, un événement plus anciens qui se répondent malgré les années. Jean Rondeau n’arrête pas de nous surprendre. Né en 1991, ancien élève de Blandine Verlet et Premier Prix du Concours International de Clavecin de Bruges en 2012 à 21 ans seulement, il incarne aujourd’hui la nouvelle génération de musiciens français qui donne un nouveau souffle à la musique classique. En mai dernier, le prodige du clavecin enrichissait sa discographie d’un nouvel album, publié … Lire plus

Ondine de Christian Petzold, la nymphe du Berlin moderne

Ondine a jailli des eaux au XVIIIe siècle, en pays germaniques. Comme ses cousines nymphes, naïades, Lorelei, qui peuplent fleuves, lacs, Rhin ou Danube, toutes descendantes des sirènes antiques et méditerranéennes, elle a obsédé l’esprit des poètes et écrivains allemands, du jeune Goethe au très berlinois et descendant de Huguenots Friedrich de la Motte Fouqué, en passant par Clemens Brentano et Heinrich Heine, sans oublier les frères Grimm et leur « Nymphe de l’étang ». Mise à l’honneur par la pensée romantique, elle symbolise le surgissement de l’élément féminin perturbateur qui déstabilise la toute puissante Raison des Lumières, menaçant l’ordre établi des … Lire plus

De quoi Sully est-il le nom ?

Sully est un film attachant, remarquablement construit et mis en scène. Les comédiens sont excellents et l’on vibre pour l’histoire de Chesley B. Sullenberger III, ce pilote de US Airways en fin de carrière qui réussit un amerrissage d’urgence sur l’Hudson, en janvier 2009. Il devient instantanément un héros, qui fait oublier aux New Yorkais les attentats du 11 septembre 2001, le film le souligne. Il doit néanmoins convaincre l’administration du transport aérien que c’était bien la seule chose à faire, et qu’il était impossible de retourner se poser sur une piste d’aéroport. Le film est brillant, adroit, et la … Lire plus

Le très cosmopolite Nicolas Nabokov : oeuvre musicale et Guerre Froide

Le 6 juin 1928, lors de ce qui allait être l’avant-dernière saison des Ballets russes, Serge Diaghilev présentait, au Théâtre Sarah-Bernhardt, un nouveau ballet de Massine, Ode, dans des décors semi-abstraits de Pawel Tchelitchew et des éclairages bleutés d’une grande beauté de Pierre Charbonnier. Dirigée par Roger Désormière, la musique, cantate pour deux solistes et chœur, sur un poème de Lomonosov, était l’œuvre d’un débutant de 25 ans, Nicolas Nabokov. Lubcza, Paris Né à Lubcza, sur les bords sur Niémen, dans ce qui est à présent la Biélorussie, en 1903, Nabokov était de quatre ans plus jeune que son cousin … Lire plus

Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer

C’est peu dire que le film de Pascal Bonitzer, Tout de suite maintenant, est décevant. Il est d’une médiocrité que les critiques flatteuses ne laissent pas prévoir. On se demande ce qu’ont bien pu voir les critiques, et si la complaisance n’explique pas tout1Dans ce registre, mention spéciale au critique du Monde, Thomas Sotinel, probablement un grand ami du superlatif.. Le film n’a ni la cohérence, ni le rythme qui pourraient garantir, malgré un scénario touffu et creux, un spectacle à tout le moins regardable. Le point de départ est intéressant : Nora, une jeune consultante rejoint ABFI, une banque d’affaires à moins que ce ne soit un cabinet de conseil. Elle découvre … Lire plus