Tolstoï et ses fables

Léon Tolstoï est connu pour sa production romanesque et, en particulier, pour ses très longs romans que sont Guerre et paix et Anna Karénine. Mais que sait-on de sa production pédagogique, alors qu’il avait ouvert une école sur sa propriété dans le but d’alphabétiser les enfants des paysans et qu’il avait écrit, pour ce faire, plusieurs ouvrages ? Les éditions Allia publient aujourd’hui, comme on l’a fait pour Ésope ou La Fontaine, l’intégralité des Fables de Tolstoï, c’est-à-dire toutes celles (89 au total) que contiennent les quatre Livres russes de lecture et dans l’ordre suivant lequel elles y apparaissent. Nous avons demandé à Jean-Pierre Pisetta qui vient d’en assurer la traduction du russe, traduction qu’il a agrémentée de dessins de son cru, de nous les présenter. Lire plus

Julian Jackson en débat – Réponses (2)

Notre deuxième intervenante cet après-midi est Alice Kaplan, professeur de français à l’université de Yale et spécialiste de la France du XXe siècle. Son enseignement et ses recherches ont porté sur la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences, la guerre d’Algérie et les écrivains français de l’après-guerre. Parmi ses ouvrages sur les procès, citons Intelligence avec l’ennemi : le procès Brasillach et L’interprète. Elle a présenté son ouvrage En quête de l’Etranger lors d’un séminaire au Wilson Center en 2016. Alice Kaplan : Le moment est bien opportun pour se pencher sur les grandes questions de votre livre : la complicité des Etats dans les crimes … Lire plus

Julian Jackson en débat – Réponses (1)

Notre première intervenante est Shannon Fogg, professeur d’histoire et présidente du département d’histoire et de sciences politiques de l’université des sciences et technologies du Missouri. Elle a obtenu son doctorat à l’université de l’Iowa et est l’auteur de The politics of everyday life in Vichy France : Foreigners, Undesirables and Strangers1Cambridge University Press, 2009 et Stealing Home : Looting, Restitution and Reconstituting Jewish lives in France 1942-19472Oxford University Press, 2017.. Shannon Fogg : Avec France on Trial, Julian Jackson nous offre une histoire faite d’intrigues politiques, de drames judiciaires et de mythes qui se créent. Julian, vous avez dit que … Lire plus

Julian Jackson en débat

En novembre dernier, l’American Historical Association et le Woodrow Wilson Center ont demandé à Julian Jackson, historien britannique très connu en France pour ses travaux sur le Général de Gaulle, de présenter son livre sur le procès du Maréchal Pétain « France on trial : The case of Marshal Pétain » et d’en discuter les conclusions avec deux historiennes américaines réputées, Shannon Fogg et Alice Kaplan. Contreligne est heureux de vous proposer la transcription des débats qui ont eu lieu à cette occasion,, alors que le livre de Julian Jackson vient d’être traduit en français. Julian Jackson est professeur émérite d’histoire française à l’université Queen Mary de Londres. Il a notamment publié France the Dark Years 1940 to 1944 (2001) ; The fall of France (2003), qui a remporté le prix Wolfson d’histoire ; et A Certain Idea of France : a life of Charles de Gaulle (2018), lauréat du prix Duff Cooper pour la non-fiction et du prix du livre de la Bibliothèque américaine à Paris, ainsi que livre de l’année pour le New Yorker, le Financial Times, le Spectator et d’autres publications. . Lire plus

Droit dans ses bottes et bien à droite

Si le nouveau Premier ministre peut sembler sympathique, parce qu’il est jeune, souriant et homosexuel, ce qui témoigne d’une évolution heureuse de la société française, deux des mesures qu’il a annoncées lors de son discours à l’Assemblée nationale sont de sa part étonnantes, et même choquantes1Déclaration de politique générale du 30 janvier 2024.. Lutter contre le chômage de longue durée et celui des seniors en particulier mérite les applaudissements. Mais le faire en les privant d’une allocation de solidarité spécifique, de l’ordre de 600€ par mois, pour les transférer vers le régime du RSA, c’est pauvre du point de vue … Lire plus

Une tribune passéiste et biaisée

La tribune publiée par un certain nombre de diplomates et anciens diplomates français, dans le Monde du 25 novembre 2023 au sujet de l’épouvantable guerre au Proche-Orient à tout pour intriguer. Les thèses qui y sont défendues ne sont pas nouvelles, et elles peuvent s’autoriser de faits, de réalités reconnus et qu’il est bien normal de déplorer comme le font ces diplomates, qui s’inscrivent dans une tradition française que vient d’illustrer Dominique de Villepin. Qui pourrait contester que le règlement du conflit « passe par une solution politique de la question palestinienne sur la base du droit international » ? Elles sont cependant énoncées sur un ton et avec des arguments qui appellent débat. Lire plus

When Western young activists defend Hamas

When the horrible war in the Middle East is over, it will be time to analyze why part of the radical youth in Western countries, mainly in the US and the UK among students, but also sometimes in France, has shown itself so violently, so aggressively close to Hamas, and so deliberately hostile to Israel1In the Arab-Muslim world, hostility to Israel and empathy for Palestinian sufferings have other causes.. There is nothing in the lifestyle of these young people that would bring them close to an Islamist movement, and yet even some Queer groups have defended it adamantly. Hamas’s sadistic … Lire plus

L’égoïsme vertueux de Montaigne, ou la fabrique de l’esprit libéral

Voir en Montaigne un précurseur du mouvement que nous qualifions aujourd’hui de « libéral », c’est sans doute assumer à la fois un anachronisme et une ambivalence. Au 16e siècle, le terme de « libéral » renvoie non à une doctrine, mais à une qualité éthique que l’on nommerait aujourd’hui la générosité. Le terme de « libéral » ne désigne une position politique que depuis la fin du 18e siècle, avec Benjamin Constant et Germaine de Staël. Actuellement même, on ne s’entend pas vraiment sur le sens du terme, qui renvoie en France à un mouvement de pensée opposé aux formes jugées excessives de collectivisme, alors qu’au … Lire plus

Etre ou ne pas être ? Telle est la question Entre russité et russophobie

Dans un clin d’œil à Cioran, Diana Filippova signe un livre qui est une réaction aux événements majeurs de ces dernières années. Un cri du cœur, une réaction épidermique, dont la force est à la mesure du choc subi le 24 février 2022 à l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe. La sidération éprouvée à ce moment-là par tous ceux qui s’intéressent peu ou prou à ce pays gigantesque fut énorme. Pour l’auteur, ce fut un coup de tonnerre, dans la mesure où, arrivée en France à l’âge de sept ans, fin 1993, soit près de 30 ans plus tôt, elle n’avait eu de cesse de s’intégrer, de s’assimiler, d’oublier ses origines, voulant à tout prix devenir écrivain de langue française. La prétendue « opération militaire spéciale » déclenchée par Vladimir Poutine l’oblige à se rappeler, malgré elle, ses origines, et, partant, à réfléchir à ce qui définit son identité russe. Lire plus

Jean Widmer, le design discret et incisif

Rina Sherman, parlons d’abord de vous! Vous êtes connue comme l’auteur d’une thèse d’anthropologie, de travaux de recherche sur l’Afrique et la Namibie par exemple, et comme cinéaste, auteur de documentaires // Rina Sherman – Au conservatoire de musique de l’Université de Johannesburg, nous devions suivre deux années en arts et en sciences humaines ; j’avais choisi l’histoire de l’art et l’anthropologie. Notre professeur, David Hammond-Tooke, nous enseignait le système de pensée et l’organisation sociale des communautés bantoues d’Afrique Australe, et son jeune assistant, Johnny Clegg, nous initiait au rôle clef de la main d’œuvre noire dans l’économie minière internationale dans laquelle s’inscrivait l’Afrique du Sud. Lire plus