Un grand styliste méchant homme

Au terme du premier volume du Journal de guerre, nous avions laissé Paul Morand alors qu’il venait d’être nommé par Vichy ministre de France en Roumanie. Au début du second tome, nous le retrouvons donc à Bucarest le 11 septembre 1943, deux semaines après son arrivée dans le poste, qu’il occupe jusqu’à sa nomination comme ambassadeur de plein titre en Suisse le 13 juillet 1944, tandis que le régime qu’il représente agonise : cinq semaines plus tard, le 23 août, en pleine libération de Paris, il quitte l’ambassade de Berne, pour être révoqué trois semaines plus tard par le gouvernement provisoire.

Le 9 septembre, le nom de Morand figure sur la liste noire publiée dans le Figaro par le Comité national des écrivains ; comme l’indique l’utile chronologie qui précède le texte, son nom a disparu lorsque le CNE fait reparaître la liste le 21 octobre. Lire plus

Julian Jackson en débat – Réponses (2)

Notre deuxième intervenante cet après-midi est Alice Kaplan, professeur de français à l’université de Yale et spécialiste de la France du XXe siècle. Son enseignement et ses recherches ont porté sur la Seconde Guerre mondiale et ses conséquences, la guerre d’Algérie et les écrivains français de l’après-guerre. Parmi ses ouvrages sur les procès, citons Intelligence avec l’ennemi : le procès Brasillach et L’interprète. Elle a présenté son ouvrage En quête de l’Etranger lors d’un séminaire au Wilson Center en 2016. Alice Kaplan : Le moment est bien opportun pour se pencher sur les grandes questions de votre livre : la complicité des Etats dans les crimes … Lire plus

Julian Jackson en débat – Réponses (1)

Notre première intervenante est Shannon Fogg, professeur d’histoire et présidente du département d’histoire et de sciences politiques de l’université des sciences et technologies du Missouri. Elle a obtenu son doctorat à l’université de l’Iowa et est l’auteur de The politics of everyday life in Vichy France : Foreigners, Undesirables and Strangers1Cambridge University Press, 2009 et Stealing Home : Looting, Restitution and Reconstituting Jewish lives in France 1942-19472Oxford University Press, 2017.. Shannon Fogg : Avec France on Trial, Julian Jackson nous offre une histoire faite d’intrigues politiques, de drames judiciaires et de mythes qui se créent. Julian, vous avez dit que … Lire plus

Julian Jackson en débat

En novembre dernier, l’American Historical Association et le Woodrow Wilson Center ont demandé à Julian Jackson, historien britannique très connu en France pour ses travaux sur le Général de Gaulle, de présenter son livre sur le procès du Maréchal Pétain « France on trial : The case of Marshal Pétain » et d’en discuter les conclusions avec deux historiennes américaines réputées, Shannon Fogg et Alice Kaplan. Contreligne est heureux de vous proposer la transcription des débats qui ont eu lieu à cette occasion,, alors que le livre de Julian Jackson vient d’être traduit en français. Julian Jackson est professeur émérite d’histoire française à l’université Queen Mary de Londres. Il a notamment publié France the Dark Years 1940 to 1944 (2001) ; The fall of France (2003), qui a remporté le prix Wolfson d’histoire ; et A Certain Idea of France : a life of Charles de Gaulle (2018), lauréat du prix Duff Cooper pour la non-fiction et du prix du livre de la Bibliothèque américaine à Paris, ainsi que livre de l’année pour le New Yorker, le Financial Times, le Spectator et d’autres publications. . Lire plus

Morand et la Collaboration

Paul Morand

« Morand n’a pas été collaborateur », écrivait à peu près en 1986 à l’auteur de ces lignes une personne dont l’écrivain avait été proche et qu’avait alarmée le titre d’une conférence donnée à l’Alliance française de Baltimore. Il est vrai que dans les trois dernières décennies de sa vie, quand on l’interviewait, Morand prenait soin de minimiser son rôle durant l’Occupation, s’excusant tout au plus d’avoir été un piètre diplomate et assurant ses interlocuteurs, s’agissant de l’extermination des Juifs, « on ne savait rien ». Or, une fois précisé que lui-même préférait le terme « collaborationniste », on verra à la lecture de ce Journal … Lire plus