Comment la gauche a perdu la raison

Jules Adler

L’évolution politique et intellectuelle (mais à gauche les deux sont souvent liées) d’une partie non négligeable de la gauche ne cesse de poser question. En effet, on n’est plus en présence d’idées qui peuvent être contestables mais qui sont assises sur un corpus doctrinal solide (comme l’était le marxisme) mais le plus souvent d’élucubrations pseudo-savantes, avec parfois des emprunts à des courants racialistes qui étaient, jusque-là, l’apanage de l’extrême droite.

Renaud Dély nous décrit tous les symptômes de cette dérive, et il le fait en homme de gauche mais en homme de gauche qui n’a pas renoncé à l’idée de progrès. Car c’est là la thèse de l’auteur : la gauche a renoncé à son héritage des lumières, elle a tourné le dos au progrès et à l’universalisme.


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Cette gauche dont rêve la droite extrême

L’été 2022 aura probablement permis à la droite extrême de gagner quelques points de plus aux dépens de ce qui tient lieu de gauche aujourd’hui, cette alliance regroupée dans la Nupes conçue par Jean-Luc Mélenchon. Elle n’aura rien fait de spécial, sinon attendre que de polémique en polémique, cette gauche signale aux électeurs qu’elle ne les comprend pas, et même qu’elle se fiche de ce qu’ils pensent. Le mois d’août parait le prouver à lui seul. Une campagne provocatrice du Planning Familial au sujet des hommes enceints, typique de ce que peut produire la forme la plus militante de la … Lire plus

« Les Murs Blancs » – Réflexions sur un courant de pensée disparu

Etrange livre en vérité que ces « Murs Blancs » ! On peut d’abord ne retenir de ce récit que la fascinante relation d’une tentative de vie commune (toute relative d’ailleurs) d’une poignée d’intellectuels réunis autour d’Emmanuel Mounier pour créer un lieu de vie personnaliste. Les auteurs, année après année, nous relatent les hauts et les bas de ce fameux bâtiment, les grands moments qui débordent ce seul cadre local et irriguent la vie intellectuelle du pays, mais aussi les problèmes quotidiens, les inimitiés qui ponctuèrent aussi la vie aux Murs Blancs. Le miracle, si l’on peut dire, est, que malgré des relations … Lire plus

Où l’on voit que le Front républicain passe désormais par la droite, plus par la gauche

A maints égards, la situation politique française est désespérante. La gauche de gouvernement s’est dissoute, son corps central rejoignant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon dans l’anti-libéralisme de combat et l’opposition rageuse au président nouvellement élu, parfois par conviction, parfois par opportunisme électoral. Le ralliement et le soutien à la NUPES de nombreux maires socialistes de grandes villes montrent bien que la stratégie d’Olivier Faure ne relevait pas du coup de dé d’un politicien sans aveu. Dans une partie de l’électorat socialiste et dans la jeunesse de gauche en général, il existe une aspiration au changement social et à la radicalité politique, au nom desquels tout le reste passe à la trappe, jusqu’à l’Ukraine et au clientélisme communautaire de La France Insoumise. C’est le même ressort qui a poussé Jeremy Corbyn à la tête du Labour en Grande-Bretagne. Lire plus

Revenu minimum d’existence, l’impasse politique ?

Casimir Malevitch, Le travailleur

On le dit peu mais le revenu minimum d’existence est, dans sa forme moderne, une proposition du néo-libéralisme des années 60((On peut certes, pour les premières réflexions, remonter à John Locke et aux socialistes utopiques.)). C’est Milton Friedman qui a en a popularisé le concept (s’il ne l’a inventé), dans un livre de 1962, sous le nom d’« impôt négatif », soit une somme d’argent donnée à chaque salarié qui ne pourrait obtenir sur le marché un revenu lui permettant d’arriver au niveau de vie jugé minimum par la société. Les gens fortunés payeraient l’impôt au sens classique, et les nécessiteux auraient un chèque d’« impôt négatif ». L’idée figure toujours au programme des think tanks libéraux. Elle a connu des applications nationales, et en France notamment avec la prime pour l’emploi, mais ce mécanisme n’est nulle part, et de loin, la clef de voûte de la redistribution des ressources, comme l’aurait souhaité Milton Friedman ou comme le souhaite aujourd’hui Benoît Hamon. Lire plus

Défense mesurée, prudente de la gauche woke

Il est tentant de rejeter comme aberrant un certain nombre de revendications de la gauche woke, « intersectionnelle », « radicale » : véhémence de tous les instants, fondements philosophiques ridicules, rabâchage servile de thèses venues des pires sections des campus américains, aveuglement devant l’islamisme, intransigeance en toutes matières même les plus futiles, totale inutilité politique… et les raisons ne manquent pas dans les deux registres de cette gauche, le féminisme dit de « troisième génération » et l’antiracisme reprofilé qu’elle défend. Qu’on en juge La nouvelle mouvance féministe met en cause avec la foi du charbonnier un « patriarcat » de fantaisie dont on a bien du … Lire plus

Actualité française : le retour de Badinguet

L’annonce d’une candidature du général de Villiers aux présidentielles serait un épisode inattendu dans la lutte des élites sociales pour conquérir les suffrages, et serait un épisode inédit dans les années récentes.  Laissons de côté Napoléon-le-Grand et Napoléon-le-Petit, Pétain et De Gaulle, sinon pour noter que les parallèles avec Louis-Napoléon Bonaparte, le Badinguet de Victor Hugo, seront plus éclairants que ceux qui, à coup sûr, seront faits par les partisans dudit général avec De Gaulle et par ses opposants, avec Pétain. Posons d’abord l’hypothèse : aux présidentielles et sans qu’il y ait de processus conscient, formel, chaque groupe social propose au … Lire plus

La gauche et 2022 dans une France très à droite

Les derniers sondages sont assez clairs : la France est très largement à droite1Sondage IFOP du 4 octobre 2020. La gauche, entendue comme cet arc qui va du Parti Radical de Gauche aux partis trotskystes en passant par les écologistes, atteindrait à peine un total de 30% des voix si les présidentielles avaient lieu aujourd’hui. Avec leurs candidats les plus probables, une candidature socialiste serait au mieux à 9%, celle de la France Insoumise à 12%, et les écologistes seraient à 7 ,5%. Par comparaison Emmanuel Macron serait à 25% et Marine Le Pen à 24% (et 30% si elle … Lire plus

Le Labour de Jeremy Corbyn pouvait-il gagner les élections de 2019 ?

La récente et lourde défaite du parti travailliste aux élections de décembre 2019 était-elle prévisible ? Tient-elle à la personnalité de son dirigeant, à son étrange léthargie lorsqu’il s’agissait de répondre aux accusations d’antisémitisme qui visaient régulièrement son parti ou à l’incapacité du parti travailliste à formuler une stratégie claire ? Aucun événement n’étant redevable d’une cause unique, tout cela a forcément joué. Pour autant, on aurait tort de vouloir trop se focaliser sur la personnalité de Jeremy Corbyn car de notre point de vue le parti travailliste a d’abord et avant tout été victime de ses propres contradictions. Le Brexit, dans … Lire plus

Manuel Valls ? Un sacré problème de jugement

Ces deux dernières années, malgré de vraies qualités, Manuel Valls a surpris par son manque de jugement.  Gérant mal des réformes mal conçues, solidaire d’un président qui a rarement su dépasser la tactique électorale, candidat à une primaire où il ne pouvait pas gagner, se positionnant à cette occasion en rassembleur et garant de l’unité socialiste dans un contre-emploi qui ne lui a fait gagner aucune voix… Bref, beaucoup d’erreurs d’appréciation en peu de temps. Il en commet une autre en ne rejoignant pas Emmanuel Macron. Si lui et ce qu’il représente au PS se rangent effectivement derrière Benoît Hamon … Lire plus