Libero Bigiaretti – L’ami de Namur

Nouvelle traduite de l’italien par Jean-Pierre Pisetta Éviter les occasions d’entamer une conversation avec des compagnons de voyage inconnus a toujours été, pour moi, une règle, dont je m’étais fait une sorte de point d’honneur. Lorsque – et ce fut rare – je me suis malgré tout laissé tenter, je l’ai regretté. Et c’est ce qui est arrivé la dernière fois. Cela se passait au début de l’été dernier : dans le wagon de chemin de fer d’un train qui remonte toute la Péninsule étaient assis devant moi, et pendant de nombreuses heures, un homme et son épouse, ou en tout … Lire plus

Libero Bigiaretti, redécouvert en français

Que signifie, pour un auteur, « tomber dans l’oubli » ? Être moins lu qu’avant, ne plus être lu du tout ou seulement par quelques « connaisseurs », être dépassé par la modernité qui l’a suivi ? Il faudrait proposer une interprétation plus rationnelle et quantifiable : un auteur est tombé dans l’oubli lorsque plus aucun éditeur ne le publie et, par conséquent, lorsque les libraires ne peuvent plus ni vendre ni commander ses livres. Libero Bigiaretti est, en Italie – son pays –, un auteur tombé dans l’oubli : plus aucun de ses livres ne figure dans les catalogues des librairies. Pourtant, Dieu sait s’il a écrit … Lire plus

Que lire ? Quoi emporter en vacances ?

Littérature allemande Littérature autrichienne Reinhard Kaiser-Mühlecker, Lilas rouge, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay, Editions Verdier, 2021 (recommandation de Jean-François Chanet) Littérature italienne Alberto Moravia, Romans, collection Bouquins, 2023 comprenant Le Conformiste, La Romaine, La Désobéissance et La Ciociara (recommandation de Stéphan Alamowitch) Littérature française Yasmina Reza, On vient de loin. Œuvres choisies, collection Quarto Gallimard, 2024 (recommandation de Serge Soudray) Littérature russe Gouzel Iakhina, Zouleikha ouvre les yeux, Lioudmila Oulitskaïa (préface), Georges Nivat (postface), Maud Maubillard (traduction du russe), Editions Libretto, 2021 (recommandation de Thierry Grillet) Littérature américaine Donna Tartt, Le Maître des Illusions, [The Secret History], traduit … Lire plus

Un mélodrame du présent italien

Le public français peut se demander si le le film de Paola Cortellesi, « Il reste encore demain », a eu le succès phénoménal qu’il a connu en Italie parce que les Italiens sont, pour des raisons historiques et culturelles, très sensibles à une certaine esthétique néoréaliste au cinéma. De fait, le noir et blanc superposé à un récit qui se passe dans un quartier populaire de la Rome de l’après-guerre, où les traces matérielles et immatérielles du conflit sont très présentes, où la misère est la première chose que la population partage, où la disparition de Mussolini a fait des heureux mais surtout des nostalgiques… Lire plus

L’enlèvement, de Marco Bellochio

Après Marx peut attendre (2021), documentaire sur et avec la famille Bellocchio qui éclaire, en les citant directement à l’écran, les films de sa trilogie biographique (Les Poings dans les poches, 1965, Les Yeux, la bouche, 1982, Le Sourire de ma mère, 2002) et met en évidence, plus généralement, l’impact de cette histoire familiale dramatique sur la quasi-totalité de son œuvre, Marco Bellocchio réalise avec L’enlèvement un film qui imbrique magistralement la grande Histoire et l’histoire particulière d’une famille déchirée, le passé et l’actualité. L’enlèvement est en effet une condamnation sans appel de tout intégrisme religieux, et de l’intégrisme catholique … Lire plus

Le retour de Francesco Jovine

Francesco Jovine avait disparu des lettres italo-françaises depuis vingt-cinq ans quand deux de mes étudiants, Coralie Gourdange et Piotr Verrezen, l’avaient remis à l’honneur en 2019 en publiant Les beaux rêves de Michele dans la revue Europe, traduction d’une de ses nouvelles tirée du recueil Ladro di galline (Voleur de poules), inédit en français. Sa dernière traduction remontait à l’an 1994 quand Fayard faisait paraître La maison des trois veuves. Sous ce titre était ainsi publié un recueil de nouvelles dans lequel l’auteur portait un regard enfin critique sur le fascisme qui, à ses débuts (ceux du fascisme et ceux du Jovine écrivain), ne l’avait pas laissé indifférent ou, dirait-on mieux, l’avait quelque peu intrigué. Lire plus

Je vous présente Brunet, un chat, et Imprenable, une souris

– Tu as pris Brunet ? avait demandé Riri, au moment de monter dans la voiture, à la domestique qui s’était installée dans le deuxième véhicule au milieu d’un amas de boîtes jaunes.

– Oui, avait répondu la domestique sans avoir bien compris la question, occupée comme elle l’était à se faufiler parmi tous ces bagages.

Les automobiles cessèrent tout à coup de pétarader et, après avoir bourdonné quelques secondes, elles démarrèrent.

Mademoiselle Riri s’était mariée ce jour-là et elle quittait l’agréable village de Raperonzoli, où elle était née, pour se rendre à Rome en compagnie de son jeune époux. Lire plus

Bizet par lui-même

Pour tout compositeur français du dix-neuvième siècle, le prix de Rome de musique, institué en 1803, était presque un passage obligé, à plus forte raison pour ceux qui se destinaient à la carrière lyrique. Si Delibes et Saint-Saëns font exception, pour des raisons différentes l’un et l’autre, Berlioz, Gounod, Massenet et Debussy confirment la règle. Georges Bizet, brillant élève du Conservatoire où il était entré en 1848, quelques semaines avant son dixième anniversaire, ne pouvait que suivre lui aussi cette voie royale. Après une première tentative en 1853, à l’âge de 14 ans, puis un second prix en 1856, il remportait un premier grand prix l’année suivante avec la cantate Clovis et Clotilde. En décembre 1857, Bizet quittait donc Paris, sa ville natale, pour l’Italie, dont il ne reviendrait qu’en septembre 1860. Lire plus