Où en sommes-nous avec le passé simple ? Réponses de traductrices

À lire les romans étrangers traduits en français, on s’aperçoit que la traduction littéraire maintient l’usage du passé simple, temps qui a souvent disparu de la langue parlée et qui se fait rare dans la fiction contemporaine, au moins depuis l’Etranger de Camus. Le passé composé le remplace parce qu’il aurait une vivacité, une immédiateté, une simplicité que n’aurait pas le passé simple. Il semble que les règles d’usage en vigueur jusqu’au XIXème siècle soient désormais oubliées, et un certain arbitraire paraît aujourd’hui régner dans le choix entre passé simple et passé composé. La traduction littéraire évoluerait-elle sur ce point ?  … Lire plus

Colette et le cinéma

Colette connaissait bien et aimait les milieux du théâtre et du music-hall. On sait moins qu’elle eut une relation privilégiée avec le cinéma qui naissait à l’époque de ses débuts en littérature, en 1900.  Vous racontez qu’elle aime sincèrement le cinéma, qu’elle ne méprise pas comme d’autres écrivains de son temps, mais aussi qu’elle participe à la « fabrication » des films et à leur promotion commerciale du temps du cinéma muet puis du cinéma parlant. Lire plus

Le pèse-personne

Son médecin généraliste avait regardé ses analyses avec circonspection. Il le fit monter sur la balance. Une sorte de machine archaïque et grinçante en métal blanc, à la peinture écaillée. — Tu as pris un peu de poids, dis-donc. Six kilos depuis la dernière fois ! Lucas et son médecin se tutoyaient depuis une dizaine d’années. Le docteur Dubois, soixante-sept ans, avait vu les enfants grandir et partir de la maison. Il avait aussi suivi ses allergies au pollen, sa dépression pendant la crise de milieu de vie qu’ils avaient partagée, hors de toute déontologie. Lucas, avocat de profession, avait … Lire plus

Le retour de Francesco Jovine

Francesco Jovine avait disparu des lettres italo-françaises depuis vingt-cinq ans quand deux de mes étudiants, Coralie Gourdange et Piotr Verrezen, l’avaient remis à l’honneur en 2019 en publiant Les beaux rêves de Michele dans la revue Europe, traduction d’une de ses nouvelles tirée du recueil Ladro di galline (Voleur de poules), inédit en français. Sa dernière traduction remontait à l’an 1994 quand Fayard faisait paraître La maison des trois veuves. Sous ce titre était ainsi publié un recueil de nouvelles dans lequel l’auteur portait un regard enfin critique sur le fascisme qui, à ses débuts (ceux du fascisme et ceux du Jovine écrivain), ne l’avait pas laissé indifférent ou, dirait-on mieux, l’avait quelque peu intrigué. Lire plus

Gombrowicz ? Lire et relire

Le recueil Le Sain Esprit de contradiction n’est pas des plus faciles à caractériser, pas plus que ne l’est son auteur, Witold Gombrowicz. Une bonne partie de ses 29 sections est reprise des deux volumes de Varia publiés chez le même éditeur en 1978 et 1989 et qui ne sont apparemment plus disponibles à son catalogue. Le reste était paru dans divers périodiques ou demeurait inédit en français. Il ne s’agit pas d’une introduction à Gombrowicz : son théâtre est à peine évoqué, et de sa production romanesque de l’après-guerre, seul l’est Trans-Atlantique (1953), dont la pré-publication avait tant scandalisé les … Lire plus

Ingeborg Bachmann en sept questions

C’est peut-être en France qu’Ingeborg Bachmann est le moins connue. L’Italie la considère comme une écrivaine nationale, comme nous Paul Celan. Pourquoi cette reconnaissance défaillante en France ? Les raisons sont multiples, complexes et en partie irrationnelles. Bachmann tenta pourtant plusieurs fois de s’installer à Paris, mais ne s’y sentit jamais accueillie, jamais chez elle. Après la Seconde Guerre mondiale, la France accueillait plus volontiers les réfugiés, comme Paul Celan, ou les Juifs persécutés, que les enfants de bourreaux… Lire plus

Quand les blessures de la mémoire refont surface – Hans-Ulrich Treichel

Tout le monde garde à l’esprit la décision d’Angela Merkel, le 31 août 2015, d’accueillir en Allemagne un grand nombre de réfugiés, afin de prévenir la crise humanitaire qui s’annonçait en Hongrie en raison de l’afflux de migrants et de la fermeture de la frontière avec l’Autriche.  Le geste fut largement commenté dans les médias, mais il ne se trouva guère que la presse germanophone pour évoquer à son propos le souvenir encore brûlant qu’ont laissé dans la mémoire collective, outre-Rhin, les déplacements de quelques douze millions d’Allemands d’Europe de l’Est vers les deux Allemagne (RFA et RDA), ainsi que … Lire plus

Où sont donc les poètes-soldats de 14-18 ?

Le voyageur qui, avant de revenir à Paris, s’arrête à la grande librairie de la Gare Saint-Pancras, à Londres,  verra les piles de livres de poésie, bien en évidence – comme la poésie ne l’est plus jamais en France.  S’il s’approche, il s’apercevra qu’il s’agit de la poésie des années de guerre, celle de 14-18, et qu’elle est traitée par les libraires comme un produit grand public, dont on sait qu’il va plaire. Rien de tel en France pour la poésie de 14-18 : seuls existent, en grand nombre en ce moment, les romans, les carnets de poilus ou les livres … Lire plus