François Mauriac, 2 décembre 1922, Sur la tombe de Marcel Proust
Dans cette chambre “garnie”, devant l’admirable visage endormi de Marcel Proust, nous songions au destin extraordinaire d’un créateur que sa création a dévoré. Marcel Proust a donné sa vie pour que son œuvre vive, et cela est sans exemple : car un Balzac, des soucis d’argent, ses créanciers l’attachaient à sa table. Proust ne s’est séparé du monde que pour construire un monde. La maladie aida sans doute à ce renoncement, mais elle eût aussi bien pu l’incliner à rechercher le luxe, les compagnies faciles, une mollesse qui l’aurait diverti de son mal. Lire plus