L’Etranger ou les bienfaits de la guillotine

Difficile de lire ou de relire l’Etranger sans un sentiment de perplexité, de gêne qui vient rarement à la lecture des grands romans. Son héros n’appelle aucune sympathie ; sa psychologie profonde, ses actes sont peu compréhensibles ; il ne s’explique jamais – raison pour laquelle le roman a donné lieu à des commentaires si nombreux, si savants, et son personnage principal, Meursault, au premier chef.  Cependant il manque, même dans les ouvrages les plus intelligents écrits à son sujet, une idée qu’on voudrait avancer sans être un spécialiste de l’œuvre de Camus, loin de là, et sans avoir une … Lire plus

1912-2012 : Les Dieux ont soif, Anatole France ou les bienfaits de l’aporie

Rien de moins favorable à sa postérité, pour un écrivain, que d’être assis entre deux siècles. Chateaubriand, certes, a su faire de cette chausse-trappe un piédestal.  Anatole France n’y a pas si bien réussi. Les quatre tomes de ses Œuvres qui s’alignent dans la Bibliothèque de la Pléiade, entre Faulkner et García Lorca, portent la reliure havane, signe distinctif de l’appartenance au XXe siècle. Est-ce l’attribution du prix Nobel en 1921, trois ans avant sa mort, qui a justifié ce rattachement ? Car François Anatole Thibault était né sous le règne de Louis-Philippe ; il avait sept ans au moment du coup d’État … Lire plus