Elie Barnavi et les confessions d’un bon à rien

Le titre de l’ouvrage, Confessions d’un bon à rien, est trompeur car à la vérité le bon à rien Elie Barnavi s’avère un observateur lucide et remarquablement informé de l’histoire européenne et israélienne de ces 50 dernières années. Bref un bon élève ! Car le fil conducteur de l’ouvrage est bien entendu son rapport très particulier à sa double identité, israélienne et européenne. De ce point de vue et on y reviendra, ses analyses sur l’Europe sont très pénétrantes et assez éloignées de fait du prêchi prêcha européiste habituel. Elie Barnavi est un homme de gauche, il le dit et le redit. Lire plus

Les illusions perdues, de Balzac à Giannoli

Balzac

Venu d’Angoulème, le Jeune Lucien Chardon, Monsieur de Rubempré par sa mère, arrive à Paris, son recueil de poèmes en poche. Le voilà embarqué dans le tourbillon de Paris, délaissant ses ambitions littéraires pour s’adonner au journalisme. Embauché dans le journal périodique libéral « Le corsaire », Lucien devient un fin critique, connu du tout Paris. Les illusions perdues est le cœur de la comédie humaine, le manifeste balzacien par excellence. À l’orée du nouveau monde, durant la Restauration, Balzac jette son personnage dans la fosse aux lions, « entraîné par un courant invincible dans un tourbillon de plaisirs et … Lire plus

En écho, Nino Rota et Serge Prokofiev

Cet automne, faites entrer Nino Rota (1911-1979) dans votre salon ! Non pas sur votre téléviseur – nous ne parlerons pas ici des innombrables chefs-d’œuvre du cinéma italien dont il a composé la musique – mais dans vos enceintes, grâce à l’album Nino Rota : Chamber Music, publié en juillet sur le label Alpha. Musiciens prolifique, avec environ 170 films, 4 symphonies, 11 opéras et 9 concertos, Nino Rota ne fut pas seulement le collaborateur de Federico Fellini mais aussi un grand compositeur du XXème siècle. Parmi ses créations, la musique de chambre a toujours occupé une place à part puisqu’il … Lire plus

Morand et la Collaboration

Paul Morand

« Morand n’a pas été collaborateur », écrivait à peu près en 1986 à l’auteur de ces lignes une personne dont l’écrivain avait été proche et qu’avait alarmée le titre d’une conférence donnée à l’Alliance française de Baltimore. Il est vrai que dans les trois dernières décennies de sa vie, quand on l’interviewait, Morand prenait soin de minimiser son rôle durant l’Occupation, s’excusant tout au plus d’avoir été un piètre diplomate et assurant ses interlocuteurs, s’agissant de l’extermination des Juifs, « on ne savait rien ». Or, une fois précisé que lui-même préférait le terme « collaborationniste », on verra à la lecture de ce Journal … Lire plus

Abel Quentin, Le voyant d’Étampes

Le voyant d'étampes

Est-ce bien un roman anti-woke que livre Abel Quentin, comme le dit la critique embarrassée de Libération, ou plutôt une satire qui s’attache à bon escient aux plus sinistres plaisanteries du moment, l’« appropriation culturelle » et la « cancel culture », et pour autant, sans verser dans le ressentiment réactionnaire ? Critique embarrassée parce que ce roman est bon et souvent drôle, alors qu’on ne connait aucune œuvre woke qui ne soit triste  et pleurnicharde – à preuve les mauvais opus d’Edouard Louis, devenu une icône woke après un premier livre réussi. Certes, ce roman s’inscrit bien dans la lignée des derniers Houellebecq … Lire plus

Covid et corps intermédiaires : comme un air de désertion

On l’a beaucoup remarqué : hors les extrêmes, les partis d’opposition font profil bas dans cette crise sanitaire, soucieux de ne pas sembler approuver Emmanuel Macron et le gouvernement, de peur de se couper des électeurs anti-vaxx ou anti-passe, soucieux aussi à de ne pas alimenter ce qui est à maints égards une révolte anti-science. Il en est de même des autres corps intermédiaires, cet ensemble flou qui regroupe toutes les institutions privées ou publiques qui assurent, face à l’Etat, l’organisation, la régulation et la représentation d’une profession, d’un secteur ou d’une activité. Partis et CSA, bien mal inspirés Pour … Lire plus

Richard Malka et le droit d’emmerder Dieu

Il n’est pas habituel de rédiger intégralement sa plaidoirie, et moins encore de la publier après l’audience, d’autant que les magistrats préfèrent aujourd’hui les observations de 20 ou 30 minutes et qu’on réponde à leurs questions, ce qui oblige à sortir de la rhétorique ordinaire. C’est moins vrai pour l’instant devant les juridictions pénales, et spécialement devant les cours d’assises. Dans sa forme traditionnelle, avec sa durée, ses périodes, la plaidoirie s’y pratique encore. Quand l’affaire a marqué l’époque, ce qui n’arrive pas souvent, la plaidoirie vient proposer au tribunal, au-delà des faits, une interprétation, une moralité à l’intention du … Lire plus

Revisiter l’orientalisme : la présentation de l’art chinois à la création du Musée Guimet

Musée Guimet

La France est l’un des pays européens qui a la plus longue et la plus riche histoire en matière d’échanges artistiques et culturels avec la Chine. Le XIXe siècle correspond en effet à une période particulière, marquée par la découverte, l’impérialisme et la multiplication des contacts culturels. Le Musée Guimet, le plus célèbre musée des arts asiatiques en France, fondé par Emile Guimet (1836-1918), est le fruit de ce contexte historique. Alors que les visiteurs se bornent à apprécier le contenu du musée, une certaine tradition universitaires s’attache aujourd’hui à replacer ce type de musées dans le contexte de l’impérialisme … Lire plus

1785, Mozart et Leif Ove Andsnes

Voilà un projet qui sort de l’ordinaire. Plutôt que d’élaborer un disque autour d’un thème ou d’une œuvre, le pianiste norvégien Leif Ove Andsnes a choisi de mettre en lumière une année particulière dans la vie de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : l’année 1785. Et quelle année ! Quatre ans se sont écoulés depuis que le compositeur a été congédié par le prince-archevêque Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Désormais installé à Vienne et travaillant à son propre compte, Mozart rencontre un certain succès auprès du public de la capitale, lui permettant ainsi d’écrire moins mais de travailler plus sa musique. Le contraste est net … Lire plus

Les élections israéliennes du 17 mai 1977… suite (2)

Yonathan Shapiro qui fut un des premiers politologues à s’intéresser à la Droite israélienne et en particulier au Herout1Y.Shapiro (1991) The road to power, Herut Party in Israel, State University of New York, 1991. dans une analyse très pertinente montre bien que la victoire de 1977 n’était pas due aux seules circonstances dont le Likoud aurait été le bénéficiaire. Si les électeurs orientaux ont supporté en masse à partir de 1973 cette coalition électorale dont le Herout état de fait la colonne vertébrale, c’est qu’ils avaient le sentiment que ce parti avait subi la même exclusion, qu’il n’avait pas simplement … Lire plus