Un peu court M. Macron, un peu tard M. Valls ?

Un président désavoué, un peu ridicule avec sa manie de parler de tout à tout le monde ; un propos souvent trivial ; un bilan économique qui n’est pas bon et un chômage qui excède celui de 2012 ; une réforme de l’Etat qui ne s’est pas faite ; des réformes scolaires mal conçues (mais défendues de façon véhémente par un ministre de l’Education qui n’a pas, il l’insinue, l’envergure des questions posées – l’a-t-il lui, l’envergure ?)… Triste fin du hollandisme, et le discrédit s’étend à tous ceux qui ont plus ou moins bien gouverné durant cinq ans. C’est pour … Lire plus

Gauche radicale et G O P

Le spectacle que donne aujourd’hui la gauche fait bizarrement penser à celui que donne le Parti Républicain aux Etats-Unis, le Grand Old Party. La gauche française, hors le petit groupe qui entoure encore François Hollande, est une alliance de mouvements1Frondeurs, communistes, Front de gauche, syndicalistes de FO, de la CGT et de SUD, zadistes… qui refusent tout en bloc, au nom de la lutte contre l’ultra-libéralisme et contre ce qui est, à leurs yeux, le démantèlement du modèle social. Ce refus en bloc témoigne que les cadres et la base de cette gauche n’admettent ni la nécessité ni les principes, et moins … Lire plus

Money Monster de Jodie Foster

Le film de Jodie Foster, Money Monster, a reçu de mauvaises critiques aux Etats-Unis et en France (ce qui n’a pas empêché un grand succès de box office), probablement parce qu’il n’a pas été compris. Il ne s’agit pas d’un vrai thriller, ni d’un film sur les arcanes de la finance comme l’étaient Margin Call, sur le plan technique, ou le Loup de Wall Street sur le plan psychologique. C’est une comédie sarcastique, avec certains aspects de grand guignol, plus acide que le film-type né des conventions de Hollywood, ce qu’est cependant Money Monster. Un jeune forcené, en pleine émission, prend en … Lire plus

Pourquoi Valls doit démissionner (et annoncer sa candidature)

Le lancement de la campagne de France par le petit colonel Macron est, à gauche, le vrai événement de ce premier semestre. Elle signifie qu’une partie des élites gouvernementales s’est convaincue que François Hollande, malgré ses efforts désespérés pour paraître crédible, ne se représentera pas, et qu’il faut prendre position pour le moment où la vraie compétition sera ouverte1Arnaud Montebourg vient d’ailleurs d’annoncer ce 8 mai qu’il saurait prendre ses responsabilités.. It’s the economy stupid, disait Clinton François Hollande s’agite comme il peut pour se donner la gravitas d’un candidat à la présidentielle de 2017. Les ministres loyalistes sont rassemblés … Lire plus

« Nuit debout », la gauche radicale et le peuple

Un nouvel enthousiasme a saisi la gauche radicale, ces derniers temps. Ce qui forme la gauche radicale actuelle, plus diversifiée que l’extrême-gauche des années 60-70 avec ses déclinaisons plus ou moins sérieuses de marxisme-léninisme, se rassemble sur des places à l’imitation de Podemos ou d’Occupy Wall Street. On débat du « renouveau citoyen », de la démocratie « directe » et « participative ». On s’enthousiasme pour des pensées critiques, radicalement critiques. Des ouvrages mi-scientifiques (enfin, si l’on veut), mi-militants font la théorie de l’agitation, à la suite de Badiou, Rancière, Agamben… Plus teigneux, Lordon a remplacé Jorion dans le rôle de l’économiste théosophe. On parle … Lire plus

Présidentielles américaines : le socialisme selon Bernie

Bernie Sanders est-il vraiment un OVNI dans l’histoire politique des Etats-Unis ? On mesure à quel point l’histoire politique américaine est mal connue lorsque l’on lit ou entend les commentaires qui suivent les performances électorales de Bernie Sanders aux primaires du Parti démocrate. Alors, quand on refuse de se plonger dans cette histoire ou quand on l’ignore délibérément, on sort les explications séduisantes sur le bon vieux retour du populisme. Quelle aubaine, en effet, que ces élections : d’un côté un populiste de Droite (Donald Trump) et de l’autre un populiste de Gauche (Bernie Sanders). Cette qualification ne choquerait pas si … Lire plus

Ingeborg Bachmann (1926-1973) : « Qui sait quand ils tracèrent les frontières du pays… »

Qui sait quand ils tracèrent les frontières du pays
et autour des pins les barbelés de fer ?

Il n’y a pas pléthore de poétesses de langue allemande. Ingeborg Bachmann est sans doute la plus connue, célébrée dans le monde entier ; seule la France renâcle à lui rendre l’hommage qui devrait lui revenir. Si la parution, dans la collection « Poésie » Gallimard, de l’édition sans équivalent, même dans le monde germanique, d’un choix par définition non exhaustif, mais très abondant de poèmes, tente de pallier ce traitement français pour le moins surprenant, on constate que l’écho médiatique, en France, n’est pas au rendez-vous. Lire plus

Star Wars, Tolkien et la réalité sinistre et déprimante des univers étendus

Quand les sagas sont sans fin, on s’aperçoit que les cycles de brutalité et de totalitarisme font eux aussi un éternel  retour. Peu de temps après avoir terminé Le Seigneur des anneaux, J.R.R. Tolkien se mit brièvement au travail sur une suite qui devait s’intituler La Nouvelle ombre et se dérouler 100 ou 150 ans plus tard sous le règne du fils d’Aragorn, Eldarion. Le lien principal entre les deux histoires était le personnage secondaire de Beregond, soldat noble mais disgracié de Gondor, dont le fils Borlas devait être un des personnages principaux de La Nouvelle ombre. Dans La Nouvelle … Lire plus

Réformer sans mandat et gouverner sans troupes

La récente tribune d’un conseiller démissionnaire du ministre du travail, Myriam El-Khomri, contre la réforme du Code du travail a au moins un mérite. Elle prouve de nouveau qu’on ne peut gouverner sans majorité sincère ni réformer sans partisans déterminés des réformes. La tribune de Pierre Jacquemain, publiée le 1er mars dans Le Monde, reprend ou plutôt annonce tous les contre-arguments que soulèvent aujourd’hui les députés frondeurs, les membres du corps central du Parti socialiste ou la gauche radicale. Comme toujours quand il est question de Manuel Valls et de François Hollande, ces arguments sont chantés sur l’air de la morale … Lire plus

Les trois colères du Brexit

La plupart des commentateurs jugent incompréhensible, irrationnelle l’hostilité à l’Union européenne d’une partie significative, et peut-être est-elle majoritaire, de l’opinion publique britannique. Nombreux sont les articles qui chiffrent avec une précision un peu louche les pertes de PNB qui suivraient une rupture avec le cadre juridique de l’Union européenne. Le fait que le Brexit soit aujourd’hui possible vient pourtant de loin, et il faut le relier aux trois colères dont David Cameron, à son corps défendant, s’est fait le porte-parole et qui aujourd’hui conduisent au référendum du 23 juin. Saint-Georges terrassant le dragon, Paolo Uccello (1439-1440) C’est d’abord la colère de la partie historique de l’establishment conservateur, tory, hostile à une construction … Lire plus