La photographie de guerre comme œuvre d’art ?

Comment reconnaître dans la photographie de guerre une œuvre d’art ? Cette reconnaissance est récente. C’est seulement dans les vingt dernières années qu’elle a conquis le nouveau territoire de la Galerie. Elle a gagné ainsi de la surface au mur, mais en a perdue sur le  papier. L’effondrement du news magazine explique en partie cet exil d’un univers à l’autre. Cette migration d’une économie du multiple vers celle de l’unique transforme en profondeur l’écosystème du photoreportage. D’abord en sacralisant les photographes devenus artistes et dont le travail est assimilé à une œuvre. Ensuite en détournant le regard du consommateur qui ne … Lire plus

Corvo contre Rolfe : le plus vénitien des romanciers anglais

À Venise, au cimetière de San Michele, le visiteur curieux, après s’être penché sur les tombes de ces étrangers illustres —Stravinsky, Diaghilev ou Ezra Pound, entre autres— dont le culte est entretenu dans la nécropole lagunaire, s’écartera des chemins battus et trouvera, éloignée de tout, parmi les plaques innombrables de Vénitiens anonymes que personne ne vient plus fleurir, une simple pierre gravée, scellée au sommet d’un colombarium sans charme ni pittoresque : « Frederick William Rolfe, 22 juillet 1860 – 25 octobre 1913. » Né dans le quartier londonien ô combien prosaïque de Cheapside , Frederick Rolfe, connu sous le nom de Baron Corvo, … Lire plus

Michel Corvo et le baron Houellebecq

Où classer Michel Houellebecq, cet auteur à succès, lauréat du Prix Goncourt, habitué des plateaux littéraires, provocateur débraillé en parka tenant souvent une cigarette allumée entre le deuxième et le troisième doigt ? Tantôt les critiques le font figurer parmi les classiques français : Zola, Baudelaire ou Balzac. Tantôt ils le situent en compagnie des enfants terribles, « trash », à l’image hyper-médiatisée, de notre époque : Frederic Beigbeder, Virginie Despentes ou Bret Easton Ellis. Personne n’avait songé jusqu’à présent à le comparer à Frederick Rolfe. Et pourtant, il y a tout lieu de croire que le baron Corvo a exercé une … Lire plus

« Out of focus », la diagonale du flou Halim Al Karim à la Galerie Imane Farès

Au début, « On n’y voit rien », comme disait l’autre. Flânant entre quartier des facs et bacs des bouquinistes, au coeur du Disneyland, cadenas pour amoureux niais du Pont des Arts et « panini » au Nutella mal cuits, qu’est devenu en partie le quartier Latin, on distingue dans une vitrine de grands aplats blancs ou noirs, où semblent se mouvoir quelques formes.  Nouvelle variation sur le thème fatigué du monochrome, dont il faut rappeler qu’il fut inventé par Alphonse Allais, en réaction narquoise à certaines tendances du néo-impressionnisme.  Intrigué, on pousse la porte de la galerie.  Pas à pas, selon l’accroche de la lumière, des formes humaines apparaissent, s’irisent, évoluent : nous sommes au … Lire plus

Christian Petzold, Phoenix

Phoenix, lit-on, est tiré d’un roman français des années 80 qui n’a pas marqué la littérature, Le Retour des cendres, et qui devait être bien compliqué. Le film laisse perplexe : par son scénario, il est toujours à la limite de l’artificiel, avec parfois un je-ne-sais-quoi de théatre filmé, même s’il parvient quand même à émouvoir. Berlin 1945 Dès les lendemains de la guerre, Nelly, une jeune juive allemande blessée au visage alors qu’elle fuyait le camp de concentration, change de visage précisément, par la grâce de la chirurgie esthétique – dont on ne savait pas qu’elle était si avancée à l’époque. … Lire plus

In memoriam Christian-Marc Bosséno

Nous venons d’apprendre avec une grande tristesse le décès, ce week-end, de Christian-Marc Bosséno, membre de notre comité de rédaction et auteur de plusieurs articles dans Contreligne. Christian-Marc, normalien, historien reconnu, enseignait à Paris 1. Il était l’auteur, avec d’autres, d’un excellent dictionnaire du cinéma populaire français. Il avait aussi collaboré à des revues de cinéma dans les années 90. ll venait de nous donner un intéressant compte-rendu d’exposition au sujet des oeuvres d’un plasticien irakien. Christian-Marc avait beaucoup apporté à notre revue. Il était l’auteur d’un style d’articles très original : le compte-rendu en profondeur des grandes expositions parisiennes, qu’il … Lire plus

Le PS après Charlie

Les suites politiques des attentats et des meurtres du début janvier restent encore à mesurer. La cote de popularité du pouvoir socialiste s’est améliorée, mais l’on sait à quel degré inhabituellement bas elle était tombée. L’opinion sait évidemment gré à François Hollande et à Manuel Valls d’avoir su trouver le ton juste, en bons républicains qu’ils sont – et l’on ne regrettera pas que l’épreuve n’ait pas échu à Nicolas Sarkozy, trop mal structuré sur plan intellectuel, trop léger1Le manque de structures et de sérieux, le lecteur en trouvera deux exemples consternants dans les pages de Comédie Française, le récit … Lire plus

Juifs français : halte

Nous venons de recevoir de la part de M. Samuel Bronstein, Fondation Rothschild, chambre 505, qui est le grand oncle de l’un de nos auteurs, la lettre suivante que nous publions in extenso malgré sa brutalité qui pourra choquer certains de nos lecteurs — La rédaction. Disons-le tout net : les juifs français qui quittent la France pour Israël, effrayés par la hargne antisémite de certains secteurs minoritaires de la société française, sont des lâches. Ils donnent aux nazis et aux Darquier de Pellepoix de toutes sortes une victoire posthume que l’histoire leur avait refusée. Ils insultent tous les juifs qui, à … Lire plus

Albert Camus dans Contreligne 2012-2015

David Oehlhoffen, Albert Camus et Loin des hommes, Alice Kaplan, janvier-février 2015 « Meursault, contre-enquête » de Kamel Daoud,  Alice Kaplan, novembre-décembre 2014 Camus et le cinéma, Philip Watts, septembre-octobre 2013 Albert Camus, d’Alger à New-York, Alice Kaplan, septembre-octobre 2012 L’Étranger, 1942-2012, avec des dessins de José Munoz, Alice Kaplan, juin-juillet 2012 1914, suite et fin : Albert Camus, «Le premier homme» Dessin tiré de l’ouvrage de José Munoz